Bay Area

Chaque fois que je découvre un nouveau Subtle, la même nostalgie me saisit : je regrette un temps révolu, celui des débuts d'Anticon. L'époque me manque, où le rappeur Dose One et le producteur Jel, l'ossature du groupe, révélaient derrière la pochette type hard rock de l'album Them un rap accrocheur, barré et inédit, dont leur groupe Subtle, avec sa surcharge rock indigeste, n'est qu'un pâle héritier.

Avec le temps, la musique de Quannum est devenue moins intrigante. Aux innovations et à la fougue du début, a succédé un adult rap bon enfant, un hip-hop pour les vieux imprégné de funk et de rock rétro, fort certes d'humour, d'intelligence, d'un savoir-faire et d'une ouverture d'esprit rares, mais infiniment plus neutre et plus fade qu'un The Album ou qu'un Nia. Ici, les sorties du collectif ne sont donc plus suivies avec la même assiduité qu'autrefois. Mais n'allons pas refaire un procès qui a déjà eu lieu sur ces pages. Non, voyons le bon côté des choses. Car une fois expurgé d'une bonne moitié de ses titres, cet album de funk rap plein de vrais instruments vaut encore bien le premier Gnarls Barkley venu.

Chaque année qui passe, la formule s’étiole un peu. Entre 1999 et 2000, déjà, on avait noté une détérioration notable entre l’excellent disque de SunnMoonSekt et celui de Tha Yakuza, malgré un son, un style et un rap quasi-identiques. Alors en 2006, six ans après, qu’espérer d’un nouveau disque du collectif Slumplordz ? C’est déjà beau de voir réapparaître ces gens que l’on croyait disparus corps et biens, cette fois par le biais des Sweeps, un duo formé par Poker Face et Dave Doses. Pourtant, il n’y a pas d’erreur. Qu’importe si ce sont d’autres gens ou d’autres pseudos, ce sont bien les mêmes qu’à l’époque. Stylistiquement parlant, c’est exactement pareil qu’avec SunnMoonSekt. C’est du rap de thug déclamé de façon robotique sur des beats électroniques et métronomiques, c'est du hip-hop sombre et industriel tout comme au bon vieux temps de la fin des années 90.